Il est 20h30, le débat sur l'interdiction de l'énergie nucléaire devrait se clore d'ici une heure ou deux au terme d'une cascade de votes qui n'auront pas grand chose à voir les uns avec les autres. Ainsi va la vie des constituants obligés d'avaler séance après séance les quelque 720 thèses sorties des travaux au sein de cinq commissions thématiques. Un inventaire à la Prévert. On trouvera les rapports et l'état des travaux sur le site internet de la Constituante.
C'est Nils de Dardel de Solidarités qui dénonce la thèse proposée par la commission 5. "Elle émascule tout simplement l'article constitutionnel 160 E actuel qui, plus qu'une interdiction du nucléaire, propose une politique énergétique complète".
On s'en convaincra en effet en relisant l'article 160 E, dont la commission 5 ne conserve que l'alinéa 5: Les autorités cantonales s’opposent par tous les moyens juridiques et politiques à leur disposition à l’installation de centrales nucléaires, de dépôts de déchets radioactifs et d’usines de retraitement sur le territoire et au voisinage du canton. La tentative de l'AVIVO de réintroduire l'article 160 E échouera. En revanche, la droite parvient à annuler le vote de 1986, qui a vu le canton de Genève, effrayé par Creys-Malville et Techernobyl, voter pour l'interdiction de l'énergie nucléaire dans la Constitution.
Un long débat. A 21h40, le président de la commission 5 Benoît Genecand s'inquiète de leur durée. La planification des débats explose. A 21h53, le libéral Michel Hottelier dénonce le discours de l'AVIVO et de Solidarités sans les citer Sont en cause les attaques contre les prétendues "manoeuvres de démantèlement de 50 ans d'acquis démocratiques et sociaux" (Grobet), contre ceux "qui sont en train de rédiger ce qui n'est plus qu'un torchon" (Mouhanna).
A presque 22h, la présidente passe au vote.
- Genève renonce à l'interdiction du nucléaire dans sa constitution. Un amendement de Michel Barde (Ge-Avance) prévoit de soumettre à référendum obligatoire la construction des centrales et les dépôts de déchets radioactifs.
- La Constituante a refusé de fixer des objectifs chiffrés en matière climatique et se contente de mettre en oeuvre la politique fédérale.
- Elle déclare encore que la gestion de l'eau est un monopole public.
A la suite du vote sur le nucléaire, l'ancien conseiller national Pierre Vanek lance de la tribune du public: "Vous pouvez arrêter vos travaux la Constitution est foutu!"