"Je ne crois pas que la Suisse accepterait aujourd'hui la révision de la Constitution fédérale"
La remarque de l'ancien président de la Confédération, père de la révision votée en 1998 par 60% des Suisses et 13 cantons contre 10, a suscité une bruissement d'étonnement parmi la cinquantaine de personnes réunies ce soir à la salle du Môle, au coeur des Pâquis, à l'invitation du constituant Raymond Loretan.
Le pays serait-il plus ingouvernable qu'il ya 12 ans? "Des alliances néfastes se nouent désormais entre les socialistes et l'UDC. Ce n'était pas le cas lorsque j'étais au Conseil fédéral." Mais Arnold Koller, qui, après son départ du gouvernement en 1999, a encore travaillé jusqu'en janvier dernier dans le cadre du fédéralisme canadien, n'est pas du genre à penser que c'était mieux de son temps.
A 76 ans, l'homme croit toujours à la Suisse. Dans un français impeccable, mâtiné d'un savoureux accent, il défend une présidence prolongée du Conseil fédéral: "deux ans et même quatre ans si le président fait bien son travail". Il ne se prononce pas sur une présidence durable au niveau cantonal. En revanche il plaide pour l'octroi du droit de vote aux étrangers au plan cantonal. Et il ajouterait sans peine le droit d'éligibilité, si le principe de réalisme et la sagesse politique ne l'incitaient à répéter aux constituants présents:
"Veillez à ne pas surcharger le bateau. Mais ayez le courage de proposer deux ou trois réformes significatives. Une Constitution c'est un acte politique. Les Suisses sont des conservateurs. Les Appenzellois sans doute plus que les Genevois, mais pas tant que ça. Il faut avancer pas à pas."
Paraphrasant Benjamin Constant, Arnold Koller dit qu'une bonne Constitution doit moins révolutionner la société qu'ériger des barrières qui l'empêchent de retomber dans la barbarie.
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